Pour la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Fédération nationale des communications (FNC–CSN) et le Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC–CSN), la décision de la direction de Radio-Canada de réduire la durée des bulletins d’information dans les régions est en rupture avec le mandat et la mission même du producteur et du diffuseur public.

Les trois organisations réclament à nouveau et, plus que jamais, un moratoire sur les compressions et une commission parlementaire publique sur l’avenir du diffuseur public. « Le plan quinquennal de destruction de CBC/Radio-Canada de Hubert T. Lacroix se poursuit. Décidément, Radio-Canada sera méconnaissable lorsqu’il aura terminé son saccage. L’annonce de faire passer les bulletins d’information des stations régionales de 60 à 30 minutes n’est rien d’autre que le sacrifice d’une partie essentielle de la mission de notre service public, soit celle d’informer les citoyennes et les citoyens des régions sur leur réalité locale. Pire encore, le gouvernement conservateur laisse la haute direction mettre en œuvre une vision corporatiste sans que les véritables propriétaires aient été consultés, soit la population canadienne », de dénoncer M. Jacques Létourneau, président de la CSN.

« Alors que le monde des médias traverse de profonds bouleversements, particulièrement en ce qui concerne l’information régionale, le rôle de Radio-Canada dans la capacité des gens de savoir ce qui se passe chez eux demeure incontournable. Rien ne justifie la décision de la direction de miser aussi rapidement sur les plateformes numériques au détriment de la télévision, surtout à l’extérieur des grands centres. Se sont-ils donné la peine de vérifier si ce modèle répond véritablement aux besoins d’aujourd’hui et aux habitudes de consommation de l’information des communautés avant de prendre leur décision ? » de questionner Pascale St-Onge, secrétaire générale de la Fédération nationale des communications. « Pourtant, une étude du CEFRIO[i] démontre qu’en 2014, la télévision est encore, pour 46 % de la population québécoise, la première source d’information consultée, contre à peine 26 % pour l’internet. Pour les adultes québécois qui citent la télévision dans leurs trois principales sources d’information, ce chiffre grimpe à 74 %. Rien n’indique donc que c’est un choix cohérent de diminuer le contenu d’information télévisuel pour l’augmenter sur le Web. Au contraire, Radio-Canada laisse tomber des pans complets de la population, dont les moins fortunés qui n’ont pas toujours accès à ces nouvelles technologies. Radio-Canada est un service public qui doit demeurer accessible à toutes et à tous ».

Pour Isabelle Montpetit, présidente du Syndicat des communications de Radio-Canada (FNC – CSN), cette décision aura des conséquences assurées sur les travailleuses et les travailleurs des stations régionales. « La direction de Radio-Canada continue de cacher la vérité en prétendant qu’elle effectue simplement  une  transition vers les plateformes numériques pour se mettre au goût du jour. Dans les faits, il s’agit de mettre en œuvre les orientations annoncées par Hubert T. Lacroix, en juin dernier, et qui visent à supprimer 1000 à 1500 postes partout au Canada d’ici quelques années. On ignore combien de postes seront touchés par les changements indiqués pour les régions ni comment Radio-Canada s’assurera que sa main-d’œuvre recevra la formation nécessaire pour effectuer cette transition. On ne sait pas non plus comment se fera la couverture des événements régionaux avec des effectifs réduits. Chose certaine, ces compressions, qui s’ajoutent à toutes celles subies depuis quelques décennies, auront un impact sur la qualité et la quantité d’informations destinées aux populations des régions. »

Le Syndicat des communications de Radio-Canada représente 1600 membres au Québec et à Moncton. Il est affilié à la Fédération nationale des communications–CSN, qui regroupe 7000 membres œuvrant dans les domaines des communications et de la culture.