Les sénateurs indépendants André Pratte et Éric Forest pressent le gouvernement d’envisager sans tarder des modifications à son programme d’aide à la presse écrite. Dans le cadre de l’étude du projet de loi C-97, la majorité des sénateurs du Comité sénatorial permanent des finances nationales, sur lequel siègent les deux sénateurs, a d’ailleurs reconnu l’importance d’agir prestement dans ce dossier, afin que les médias d’information qui ont besoin de l’aide promise par Ottawa commencent à la recevoir le plus rapidement possible.

« Notre principale crainte est que l’aide gouvernementale n’arrive pas assez rapidement pour sauver certains médias, particulièrement en région et dans les communautés en situation minoritaire. On peut bien lancer une bouée aux médias d’information, encore faut-il qu’ils soient en mesure de la saisir lorsque l’aide arrivera », illustre le sénateur Forest.

Plusieurs témoins ont affirmé au Comité que la répartition des 595 millions de dollars sur cinq ans promis par Ottawa était à revoir. Selon ces témoins, il y a fort à parier qu’à peine une fraction des 235 millions de dollars prévus pour les particuliers qui soutiennent la presse par un abonnement numérique ou un don caritatif serait dépensée d’ici cinq ans. « Les journalistes et les médias entendus par le comité sont satisfaits du montant total de l’aide fiscale proposée par le gouvernement, a expliqué le sénateur Pratte. Cependant, ce montant devrait être réparti autrement, de sorte que des sommes supplémentaires soient consacrées au crédit d’impôt sur la masse salariale. »

Les témoins ont souligné que le nouveau crédit d’impôt remboursable pour la main d’œuvre ne reflète pas, dans sa forme actuelle, les besoins des journaux canadiens, notamment ceux des grands journaux. Les sénateurs Pratte et Forest exhortent le gouvernement d’envisager rapidement la mise en œuvre des observations de la majorité des sénateurs du Comité à cet égard, soit d’augmenter le crédit d’impôt sur les salaires et traitements versés aux employés de salle de presse admissibles, de même que le plafond des coûts de main-d’œuvre admissibles. Ces modifications permettraient une aide aux journaux rapide et mieux répartie, sans coûts supplémentaires pour le gouvernement.

Enfin, cette aide ne saurait être complète sans un engagement clair du gouvernement à corriger les iniquités fiscales et réglementaires favorisant les géants du Web, dont la diffusion de contenu en ligne a causé l’exode des revenus publicitaires sur lesquels reposaient le fonctionnement des journaux canadiens.